UN EURO par habitant: les voeux du personnel qui font polémique
Une polémique est née dans notre bonne ville d’Asnières comme on n’en fait pas ailleurs. Le microcosme blogosphérique bruisse d’indignations feintes, ou sincères, où l’on pleure les pauvres deniers des Asniérois. Une épidémie de vertu s’est abattue sur notre ville où le maire est élevé au rang de virus bling bling qu’il faut combattre fut-ce à coup de torrents lacrymaux artificiels.
De quoi s’agit-il ?
A l’heure où j’écris ces lignes, Sébastien Piétrasanta, Maire d’Asniéres, a invité dans les dépendances d’une boîte parisienne, les agents de la mairie pour la traditionnelle cérémonie de vœux au personnel. Le Duplex, bien connu des habitués des nuits parisiennes du côté des Champs, n’est certes pas le premier endroit où l’on s’attend à ce qu’une municipalité convie ses agents même s’il ne s’agit que du restaurant et des salles attenant à la célèbre boîte de nuit, et non du dance floor qui a vu passer une nuit ou l’autre ce que le tout Paris compte de célébrités noctambules. Mais cela fait-il de la municipalité d’Asnières une municipalité bling bling ?
Ceux à qui il ne faut pas répondre
Qu’il me soit permis de ne pas donner ici réponse aux cris d’orfraie poussés par Me Aeschlimann et sa chorale de grenouilles de bénitier. Leur tartufferie n’échappera à personne et ce concert de batraciens croassant un requiem pour les finances de la ville est un spectacle habituel dans les marécages nauséabonds où prospère notre opposition en manque d’imagination.
Le juste questionnement de nos concitoyens
Plus sérieuse est l’inquiétude sincère de ceux qui pensent que cette fête donnée aux personnels est en décalage avec la crise économique que traverse le pays, les souffrances d’une certaine partie de la population. Ce d’autant plus que les débats internes à la majorité ont fait apparaître la pleine conscience de ces incompréhensions prévisibles de nos concitoyens. On ne peut pas les passer par pertes et profits et l’évocation des dépenses somptuaires du maire d’autrefois ne peuvent suffire à répondre à ces interrogations que nous savons légitimes. Il y aurait même quelque chose d’indécent à étaler ce que coûte ou ne coûte pas la soirée d’un agent. Combien d’asniérois, par la grâce de cette polémique, liront en filigrane lundi matin en mairie sur le visage accueillant de leur agent préféré le prix de sa fête du vendredi soir ?
Ne pas oublier l'essentiel
Cette polémique inutile aura une fois de plus oublié l’essentiel : dire merci ! Quel est le prix réel de la reconnaissance ? Quelle reconnaissance devons-nous collectivement aux agents de notre ville qui, tout au long d’une année difficile, auront tenu fermement la barque de notre municipalité au-dessus des flots ? Qui s’est interrogé sur la pression à la quelle ils ont été soumis tout au long de cette année pour rendre un plus grand service à chacun de nous souvent à moyen constant, parfois avec moins de moyens, tant la situation est difficile ? Les fêtes associatives se sont multipliées dans cette ville sans que jamais les services techniques, ceux des manifestations publiques, de l’audiovisuel, de la vie associative… n’aient fait défaut. Nous assistons partout à l’émergence d’initiatives diverses et variées ; des sollicitations accrues des agents ; des projets difficiles à menés parfois face à l’hostilité irrationnelle de quarterons de politiciens revanchards qui ne font pas de différences entre leurs calculs électoraux et la juste appréciation du travail de ceux qui ne sont que des serviteurs de la collectivité. Qui peut valoriser à leur juste mesure les efforts fournis par les uns et les autres pour assurer à notre ville une exécution budgétaire quasi exemplaire ? Qui peut mettre un prix sur les sacrifices consentis par les uns et les autres ?
Mais puisqu’il faut parler de sous, allons-y.
Qui sait combien ces agents ont fait rentrer d’argent dans les caisses de la ville l’année qui vient de s’écouler ? Qui a quantifié les fruits de leur recherche de financements des projets, que ce soit en subventions, partenariats divers, mécénats et toutes sortes d’aides ? Puis-je porter témoignage sans trahir aucun secret ni mettre aucun agent dans l’embarras ? Puis-je dire, qu’au regard de 2009, les financements nouveaux obtenus en 2010 rien que par le professionnalisme et l’ingéniosité des agents des seuls services de ma délégation suffiraient largement à payer plusieurs fois cette sauterie parisienne ?
Ne nous laissons pas abuser
C’est au nom de chacun de nous, citoyens Asniérois, que la municipalité manifeste sa reconnaissance à des agents qui se dévouent chaque jour pour une ville qu’ils aiment et qu’ils servent avec fidélité. L’injure qui est faite à leur intégrité en laissant croire que leur sympathie pour Piétrasanta pourrait s’acheter au prix d’une nuit en boîte est obscène. La polémique qui tend à faire de cette fête de retrouvaille annuelle du personnel une défaite politique pour le maire d’Asnières est une manœuvre indigne qui est à la juste image de ceux qui l’ont initiée.
Quant à vous Asniérois qui pensez en toute sincérité que cette fête était inutile en sa dépense et malencontreuse en sa symbolique, soyez assurés que vos agents le valent bien, qu’ils ont aimé l’idée d’y participer, qu’ils ne vous ont rien pris qu’ils ne vous rendront demain comme hier en disponibilité, en abnégation et en dévouement. Pouvait-on faire autrement ? Bien sûr ! Pouvait-on faire moins cher ? Assurément ! Etait-il opportun de le faire ainsi maintenant ?
Il est ici simplement question de reconnaissance : « On dit merci » ; au nom de cette simple leçon de nos jeunes années où nous apprîmes les rudiments de la civilisation humaine, croyez-en vos élus qui, en connaissance de cause, ont jugé que vos agents méritaient bien cet effort commun. Il nous en aura coûté un euro par habitant. La belle affaire.