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Le blog de GOMEZ FELICIANO

Je m'appelle Féliciano Gomez. Engagé depuis toujours, allergique aux injustices et aux mensonges. Ex adjoint au maire d'Asnières délégué aux quartiers des Hauts d'Asnières, à la politique de la ville et à la lutte contre les discriminations et à la vie des quartiers (2008 à 2014) Je vous propose ici, avec humour souvent et justesse toujours, les humeurs et réflexions d'un citoyen d'Asnières et d'un militant politique et associatif.

#ASNIERES et sa communication: le courrier du maire

Après vous avoir parlé de tract anonyme, et d'Asnières Infos, voici le troisième et dernier volet de mon exploration de la communication politique sous l'ère nouvelle ouverte depuis le printemps dernier: le courrier du maire

Le harcèlement épistolaire.

Nous avions été inondés de courriers divers et variés de notre bien-aimé maire dès sa prise de fonction. Il est vrai qu’à l’époque il y avait urgence. Monsieur comptait encore pouvoir ne pas appliquer la réforme des rythmes scolaires. Par tous les moyens, le parent d’élève habitué à la sérénité d’un accompagnement responsable de son enfant et d’une relation paisible au sein de la communauté éducative s’est retrouvé harcelé, tantôt par monsieur, tantôt par madame, par tous les moyens de communication disponible. A Asnières, ils l’ont compris, ils n’échapperont plus à la communication épistolaire de leur très cher édile.

Sa débâcle en rase campagne contre la réforme des rythmes scolaires et tous les courriers alambiqués qui se sont ensuivis pour nous expliquer que la défaite était en fait une victoire, n’ont pas découragé l’ardeur de notre guide éclairé. Et s’il change souvent de cible, il ne se passe de semaine sans que des Asniérois soient abreuvés de la bonne parole municipale par un gentil courrier de notre messie local.

La mécanique d'une rhétorique souvent trompeuse

Prenez un courrier d’Aeschlimann. Sa composition est sensiblement toujours la même.

1 - Une affirmation de départ assénée à la massue et si possible en caractère gras, censée être la vérité à laquelle nous devrions adhérer.

2 - Suit une logorrhée indigeste faite d’un mélange d’autosatisfaction, autopromotion, autoglorification, en un mot : « voyez combien je suis fort et comme je travaille bien ! Mieux que moi, tu meurs ».

3 - Vient l’inévitable déchaînement contre l’opposition, une bande d’incapable coupable de tous les maux d’Israël, ceux d’hier, d’aujourd’hui et de même de demain. Une sorte de syndrome de Gilles de la Tourette, le nouveau tic verbal de toute communication municipale avec au centre de ce déchainement haineux Sébastien Pietrasanta, député et ancien maire.

4 - une conclusion en guise de promesse que tout ce qui a été dégradé pendant le dernier mandat sera réparé par notre grand homme.

Bref, un courrier qui vous vient de la municipalité à propos d’un sujet préoccupant se résume à ceci : « Dormez, bonnes gens, je m’en occupe ! Puisque moi, votre maire tout-puissant, je connais vos problèmes avant même que vous les exprimiez, et votre problème, vous ne le savez mais moi je vais vous le dire, c’est l’ancienne municipalité. »

Un cas d'école : le courrier aux habitants des Courtilles

Les habitants du quartier des Courtilles, autour de la place Le Vau, ont récemment eu l’honneur d’une de ces missives dont notre Grand Timonier municipal a le secret. C’était il y a une semaine.

Quelques jours après avoir appris par voie de presse la fermeture du marché Franprix de la place, ils devaient se résoudre à assister impuissants à fermeture définitive de leur magasin le 1er mars dernier. Très vite mobilisés et soutenus par les associations, les commerçants et par les élus de l’opposition, un mouvement pétitionnaire a vite fait florès.

Voici ledit courrier.

#ASNIERES et sa communication: le courrier du maire

Ce qui a valu à nos habitants des Courtilles la triomphale littérature aux accents rédemptoristes qu’ils ont découverte dans leurs boîtes au réveil le samedi 7 mars. Pour eux c’est pâques avant l’heure, la résurrection de leur supérette, une deuxième vie qui s’annonce imminente et radieuse. Que la terre entière s’agenouille et glorifie le saint nom d’Aschlimann. Ce bonheur inespéré nous arracherait presque des larmes de joie, s’il ne s’agissait d’une vaste arnaque truffée de mensonges éhontés.

Analyse de texte

« C’est un grand plaisir pour moi de vous annoncer la réouverture du magasin Franprix, place le Vau ». Réouverture imminente? dans les prochaines semaines? dans les deux mois? avant l’été…. ? Rien dans ce courrier n’indique une échéance, même approximative.

« Lorsque nous avons appris la nouvelle de la fermeture il y a quelques jours… » Quand le maire signe sa missive le 6 mars, cela faisait deux semaines que la presse se faisait l’écho de cette fermeture. Mais un magasin qui ferme le 1er mars a pris ses dispositions : résiliation de bail (environ 3 mois), mesures sociales pour les salariés ; cessation progressive de l’approvisionnement, résiliation des conventions d’enlèvement des ordures…. Bref, sauf en cas d’une cessation crapuleuse d’activité, un magasin ne ferme pas du jour au lendemain. M. Aeschlimann dit-il la vérité quand il annonce n’avoir appris cette fermeture qu’ « il y a quelques jours » ? Il est permis d’en douter. Ou alors pèserait sur lui une forte présomption d’irresponsabilité, une ignorance coupable en somme.

Mais en plus de ne pas savoir quand la supérette ouvrira, on se perd en conjecture sur celui qui l’ouvrira. Le 3 mars, monsieur aurait reçu en compagnie de son adjointe déléguée au quartier, un repreneur. Ni une ni deux, il lui apporte son soutien. Il existe donc un commerçant à Asnières un type capable de reprendre au pied levé un commerce en grandes difficultés depuis des mois. Son dossier est tellement solide qu’il n’a suffi que d’une rencontre avec le maire pour juger son projet viable et trois jours après alléluia, résurrection, ce mirifique dossier de reprise recevait l’aval du groupe Casino soi-même. On dirait un conte de Noël. Mais il a tout l’air d’une arnaque car les mots ont un sens et ne sont pas choisis au hasard.

Le courrier de notre bon maire dit en effet : « Le 6 mars j’ai été informé que le Groupe Casino… acceptait cette reprise d’activité ». Mais informé par qui ? Il ne dit pas : « Tel responsable de Casino m’a informé que… » Les sources de l’information du maire nous sont complètement inconnues ; nous ne pouvons donc pas en apprécier la fiabilité. Mais nous sommes priés de le croire sur parole. Croyez-vous vraiment que notre maire, si souvent satisfait de lui-même, nous aurait caché ses sources si elles étaient bonnes et bien placées ?

Tôt ou tard, ce magasin rouvrira, sous une enseigne ou sous une autre, parce que le quartier en a besoin et que les habitants l’attendent et se mobilisent pour cela. Et un tel désir manifesté est de nature à susciter l’intérêt de n’importe quel repreneur. Si la municipalité agit dans l’opacité et la précipitation, dans l’optique de faire sienne la victoire issue de la mobilisation citoyenne, elle fera certes une grande inauguration comme l’espère le maire à la fin de son courrier, mais ce sera condamné les habitants à un retour rapide vers des difficultés. Ce quartier et ses habitants ont besoin de perspectives à long terme sur l’avenir de leur quartier et non d’un coup politicien.

Pour l'heure, quelque part à Asnières, des citoyens préoccupés par telle ou telle situation de leur lieu de vie ne vont pas tarder à recevoir un courrier de leur bon maire.

Pour d'autres ce sera malheureusement une assignation à comparaître.

Les courriers du maire à Asnières, c'est comme dans la fable de La Fontaine: nous n'en mourons pas tous, mais nous sommes tous frappés. Totale solidarité avec tous mes amis et moins amis qui doivent se présenter dans les semaines et mois à venir devant les tribunaux suite à une missive de leur bon maire.

c'est moi qui ai surligné.

c'est moi qui ai surligné.

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