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Le blog de GOMEZ FELICIANO

Je m'appelle Féliciano Gomez. Engagé depuis toujours, allergique aux injustices et aux mensonges. Ex adjoint au maire d'Asnières délégué aux quartiers des Hauts d'Asnières, à la politique de la ville et à la lutte contre les discriminations et à la vie des quartiers (2008 à 2014) Je vous propose ici, avec humour souvent et justesse toujours, les humeurs et réflexions d'un citoyen d'Asnières et d'un militant politique et associatif.

Hommage à Samy .... et dommage colatéral

Dignité

hommage à samyCe devait être un hommage à Samy et un soutien à sa famille. Et ce fut un hommage criant de retenu et de silence, et ce fut un soutien massif et expressif. La foule nombreuse et respectueuse de la douleur de la famille semblait profondément marquée par ce drame, meurtrie et touchée en son âme. Une communion intime avec la famille éplorée, sans doute.

D’aucuns ne retiendront de cette soirée du 14 mars que les incidents survenus en marge de ce digne rassemblement et qui l’a empêché d’aller à son terme. Tous ceux qui étaient présents auront pu toucher de près l’absurdité des comportements de certains qui ne savent plus, s’ils l’ont jamais su, comment se tenir, distinguer le bien du mal, ce qu’il faut faire et ne pas faire…

Impuissance

Une tragédie nous a frappés, cette tragédie dont je ne peux dégager ma responsabilité, car toute barbare que fut cette atrocité, elle est l’œuvre d’une humanité que je partage avec la victime et son meurtrier. Cette ignominie aurait pu induire un ressaisissement collectif, une prise de conscience, un sursaut par quoi, saisis d’effroi, nous nous disons, cette fois, c’est aller trop loin. Rien de tel dans les comportements de ces gamins qui sont les nôtres, ceux à qui nous sommes sensés passer la main pour faire grandir ce pays, élever d’autres enfants, entretenir l’espoir de ce pays, enrichir sa culture, faire rayonner sa civilisation...

Humilité

Il est des moments où nous devons nous résigner au silence auquel nous contraint l’incompréhension des choses, des situations et des hommes. Il est des circonstances où nous devons accepter l’insignifiance de notre pouvoir et de ce que nous lui attribuons comme puissance d’agir et de changer. L’écart entre la volonté d’agir et l’ignorance de ce qu’il faut faire, l’angoisse devant ce qui peut arriver, décuplée par ce qui est déjà arrivé, le désarroi d’être là devant une indicible inconscience qui étend sa puissance terrifiante, voilà ma fragilité d’élu, une distance de moi à moi, une fêlure, une fissure, un sentiment honteux d’inutilité, une envie pressante d’abandon et de renoncement… C'est cela aussi la vie d'un élu.

Patience et persévérance

Mes ancêtres africains m’ont appris qu’il fallait être humble devant les choses qui nous dépassent. Leur sagesse m’a aussi enseigné qu’il finit toujours pas y avoir dans le marigot quelque chose de plus fort et de plus intelligent que le crocodile pour mettre fin à son règne. Avec humilité, avec patience, nous devrons trouver la force (morale et intellectuelle) et le courage politique pour vaincre cette hydre malfaisante qui maintenant veut se nourrir du sang de nos enfants. L’humilité par quoi nous ne devons renoncer à aucune remise en question de nos certitudes les plus ancrées, le courage par quoi nous ne devons écarter a priori aucune solution raisonnable, fut-elle éloignée de nos croyances ordinaires.

Aucune urgence ne devra nous dicter sa loi. Aucune impatience ne devra hâter nos pas. Aucune échéance ne devra précipiter nos décisions. Un monstre fauche désormais notre jeunesse après avoir fini de bouffer le cerveau d’un bon nombre. Il s'agit de le vaincre. Ici comme en d’autres affaires, la morale de la fable est toujours aussi vraie : patience et longueur de temps feront plus que force ni que rage.

 

Indignité, orgueil, impatience et persévérance en tout ceci

 Et la rage, je l’ai lue ce matin, baveuse et écumante, sur votre blog, monsieur notre député. Vous savez que j’aurais largement préféré ne pas écrire les lignes qui suivent. Et pourtant le devoir me l’impose, quand bien même l’imposture serait flagrante.

Qu’est-ce qui vous a pris ? Quelle mouche vous a piqué ? Quelle impérieuse nécessité a aboli votre jugement au point d’oser ce verbiage insensé !

Avez-vous remarqué que dans votre prose délirante jamais ne fut cité le prénom du gamin décédé, ce gosse de 15 ans devenu notre enfant à tous, le frère de chacun de nos enfants, cette affection posthume qui a uni tout Asnières derrière Samy ? Samy n’est encore pour vous que le « jeune de 15 ans tué samedi dernier à Asnières ». Un anonyme. Et ce sera tout pour la maigre aumône de compassion que vous avez consentie à sa mémoire. Comment avez-vous pu vous extraire de cette communion, de cette empathie ? Tristesse !

Vous aviez d’autres comptes à régler, la même haine recuite depuis tant d’années ! Lassitude ! 

Vous nous annonciez dès hier que le moment viendra de désigner les responsables. Vous n’en pouviez plus d’attendre. Une larme de crocodile sur la dépouille de Samy et vous voilà procureur, l’index pointé vers votre cauchemar : le coupable c’est Piétrasanta. Ridicule !

Et vous ne craignez guère de vous décrire en héros, Moïse en son désert, conduisant les foules vers le pays paisible où ruissellent le miel et le lait, De Gaule en carton pate rêvant de grand dessein, le messie attendu par le peuple : « Quant à moi, je demeurais longtemps sur place, le temps d’être abordé par des centaines d’habitants me demandant gentiment de revenir mettre de l’ordre dans la maison. » Pathétique !

Beaucoup fut fait hier, en vain, pour insulter la mort de Samy : des jeunes effrontés qui voulaient s’en prendre au recueillement, des bandes rivales qui cherchaient à s’affronter. Mais, différez-vous fondamentalement d’eux, vous qui, à lire votre littérature, sembliez être là vous aussi pour en découdre avec celui qui vous a succédé ? De ne jamais appeler ce gamin par son prénom n'est-il pas révélateur des intentions réelles qui ont conduit vos  pas à la place Le Vau?

Faire de la terre encore humide du sang de Samy, le dojo d'une joute électoraliste ! Tragique !

 

Puisse Samy, de son ciel, avoir pitié de nous.



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